ALTERNANCE-POIDS-MESURES

9 février 2016

ALTERNANCE-POIDS-MESURES

Le grand jour de la célébration du 20ème anniversaire de la mort du premier président socialiste de la 5ème République Française, François Mitterrand, a sonné le glas en terre béninoise où se tenait le 19ème sommet de l’UEMOA (Communauté Economique et Monétaire Ouest-Africaine). Sommet au cours duquel une alternance à la présidence de ladite organisation a été observée. Sans mise en garde, sans invectives, sans effusion de sang. Quelle fierté de se dire Béninois ! Quel honneur d’entendre une voix africaine renoncer à la fonction du chef de l’Etat après deux mandatures. On dirait que l’attitude de Thomas Bony Yayi relève d’un autre continent face à certains pays africains dont la tendance est au tripatouillage de la loi fondamentale, à la violation flagrante des Accords, notamment l’Accord de paix d’Arusha.

Un africain, béninois, président, a parlé au monde comme François Mitterrand demanda aux chefs d’Etat africains la démocratisation des régimes politiques, au sommet historique de la Baule. Depuis, La droite ligne des principes démocratiques semblent révolue dans une partie de la même Afrique, francophone, qui s’arroge le droit de mettre sur pied la démocratie à l’Africaine ! Méli-mélo politico-intellectuel qui obnubile!

Le 8 janvier 2016, Thomas Bony Yayi, président en exercice de l’UEMOA a passé le témoin à son homologue Alassane Ouatara, président de la Côte d’Ivoire… Au cours de cette passation, un fait majeur : le discours sans gondolements d’un chef d’Etat, prêt à quitter le pouvoir dignement.   Un Même le pire fou des béninois entendrait raison. Ce discours est donc à lire, à relire, à méditer par les « Mes chers compatriotes… ». La loi est la loi ! « Je dois ajouter que les progrès démocratiques de l’Afrique sont également menacés lorsque des dirigeants refusent de s’effacer à l’échéance de leur mandat. Et, à vrai dire, c’est quelque chose que je ne comprends pas… Il y’a beaucoup de choses que j’aimerais faire pour faire avancer l’Amérique, mais la loi est la loi. Et nul n’est au-dessus des lois. Pas même le président ». Ces propos de Barack Obama émanent du président de la première puissance mondiale, mais respectueux des règles démocratiques. Dans les pays où le tripatouillage est à la mode la perspective démocratie est figée. Il y’a péril mental des citoyens dans ces pays tripatouilleurs. « Quand un dirigeant tente de changer les règles du jeu au cours de la partie simplement pour rester au pouvoir, il risque d’engendrer instabilité et conflits – comme nous l’avons vu au Burundi. Et ce n’est souvent qu’un premier pas sur une voie périlleuse. Parfois, on entend des dirigeants dire : en fait, je suis la seule personne capable de maintenir l’unité dans le pays. Si c’est vrai, alors ce leader n’a pas réussi à édifier véritablement une nation ».

La démocratie à l’Américaine avec Barack Obama jouit d’une constance; celles à l’Européenne avec François Hollande qui rappelle : « Là où les règles constitutionnelles sont malmenées, là où la liberté est bafouée, là où l’alternance est empêchée, j’affirme ici que les citoyens de ces pays sauront toujours trouver dans l’espace francophone le soutien nécessaire pour faire prévaloir la justice, le droit et la démocratie ». Peine perdue ! « Petit effet, grandes conséquences ». Entre deux propos, on peut toujours se raviser, fléchir devant les intérêts personnels. La démocratie à l’africaine serait-elle un vain groupe de mot ou une poudre aux yeux ? Deux poids, deux mesures, c’est le moins qu’on puisse dire ! Là où Mathieu Kérékou, véritable caméléon a su s’accommoder à la donne démocratique, Pierre Nkurunziza prend pied. La démocratie à l’africaine, si ce n’est pas un verbiage ou une bourde, elle a pour déterminant, le maintien des hommes forts à l’entrée du pouvoir et de plus en plus fort après des décennies d’exercice.

Avec Nicéphore Soglo, Thomas Bony Yayi, le Benin, pays de tradition Vaudou devrait s’attacher à la démocratie à l’Africaine qui vise le pouvoir à vie… Mais non. Le principe de l’universalité des règles est intangible. Bientôt une autre alternance suivra.

Goodluck Jonathan, aux heures du grand tripatouillage des Constitutions dans nombre des pays francophones pouvait servir de mauvais et honteux exemple. Mai 2010-Mai 2015, il a favorisé l’alternance dans son pays. Pendant que le pouvoir du Burundi marche sur des cadavres, sous le regard impuissant ou complaisant de la Communauté internationale maintes fois narguées. Oui.

1990, les chefs d’Etat africains, même les plus irréductibles étaient mis aux pas de la démocratisation en Afrique. Avec pour maître d’ouvrage, le président français, François Mitterrand dont le 20ème anniversaire de sa mort a été célébré. En cette année 2016, sous le règne d’un autre François, Hollande, en France, l’Afrique pose un réel problème de l’avenir démocratique dans nombre de pays. Des mandats à vie par-ci ; score soviétique, coup chaos par là.

Après tout, l’ère mitterrandienne relève du passé. François Hollande est « tripatouillé » par les hommes forts, africains. Les Constitutions sont allègrement tripatouillées. La machine électorale mise en œuvre. Les élections sont organisées. Les prestations de serment, couronnent la victoire « volée ». Les occidentaux ferment les yeux. Le titre de l’ouvrage France Quand les dirigeants africains deviennent les maîtres du jeu, d’Antoine Glaser a pignon sur rue.

A l’exception de quelques pays, la Démocratie en Afrique francophone est très mal perçue. Elle semble décrire une chaine élection-tricherie-contestations-violence armée-victimes par milliers… Il revient à l’Organisation internationale de la Francophonie d’inventer une école spéciale, qui enseignera la démocratie à l’américaine, à l’européenne aux postulants à la magistrature suprême. Ainsi, chaque leader politique, africain francophone, aux élans tripatouilleurs, se révélera bon ou mauvais élève avant de se récuser à faire acte de candidature. Entretemps, le mot tripatouillé (e) s’invite. Cet adjectif pour qualifier chaque personne chaque chose dans le périmètre des pays où tout souffre du tripatouillage■

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