CONGO-BRAZZAVILLE: LE POUVOIR DE LA RAISON SERAIT-IL SUR LE FIL DU RASOIR ? 

19 octobre 2015

CONGO-BRAZZAVILLE: LE POUVOIR DE LA RAISON SERAIT-IL SUR LE FIL DU RASOIR ? 

On dirait que le pire est à venir dans les prochaines heures au Congo-Brazzaville. La population, victime ou chair à canon, en est avisée aux moyens des tracts. De la dissuasion policière dans Brazzaville et autres grandes villes du Congo. Des journalistes qui affichent clairement leur position sur les chaines de radio et de télévision publiques et privées. D’hommes politiques qui ne cachent pas leur triomphalisme absolu. Et, le ramassage par la Police, des pneus usés dans la ville qu’elle va jeter dans le Djoué, au détriment de la pollution, de la COP21. 

La psychose dans population de Brazzaville à l’heure des sel, sucre, riz…

Ayant pris au sérieux la détermination du pouvoir qui fait et défait les constitutions au nom «  de la paix et de la stabilité au Congo » ; celle de l’opposition qui veut en découdre tant qu’il est inopportun, illégal le changement de la Constitution du 20 janvier 2002 par celle dite nouvelle ; la population de Brazzaville s’approvisionne, avec les moyens de bord, en sel, en sucre et en riz. En se référant au désastre humain qu’avait occasionné la guerre du 18 décembre 1998 dans le Pool. A côté des milliers de morts par balles et bombardements héliportés, dont le nombre exact n’a jamais été revélé, il y’en a eu des centaines en pleines forêts du Pool, faute d’assistance, de sel, de sucre… et pendant cinq, six mois.

Quand la Police congolaise pollue le Djoué…

Dans la foulée des approvisionnements de la population, la Police congolaise augmente les pouls des Brazzavillois. En effet, depuis plus d’une semaine, les riverains assistent à un spectacle hors du commun. Des véhicules de la Police chargés de pneus usés se relayent sur le pont du Djoué qui a servi et sert encore de dépotoir sous le regard ébahi de véritables défenseurs de l’environnement. On pourrait imaginer que cette opération d’enlèvement, de séquestration et d’élimination des pneus sur la voie publique est le prolongement logique de celle du déguerpissement et de dégagement des voies publiques menées par la Mairie, avec Marius OKANA à la manœuvre. A l’orée de la COP21, la bonne place qu’occupe notre pays dans la lutte contre la pollution constitueraitun démenti cinglant aux concepts du développement et de la préservation durables de notre environnement. Les policiers congolais devraient être mieux enseignés des effets néfastes qu’occasionnent de telles pratiques. Heureusement qu’au Congo-Brazzaville, les tâches de la Mairie peuvent  se confondre à celle de la Police, vice versa. Et les mots ont leur doublure de sens.

 

Autour de ce débat constitutionnel qui dure 18 mois, les mots ou phrases imposteurs n’ont pas tari.

Pierre Ngollo, Serge Michel Odzoki, Jean-Pierre ManoukouKouba, Valère Etekat, Thierry Moungalla, Pierre Mabiala, Justin Koumba, Placide Moudoudou, Bienvenu Okiemy, André Ondélé, AbdoulahBatili, se sont exprimés, chacun selon sa sensibilité, son éthique, son intérêt ou désintérêt pour la nation    « Nous allons allez au Référendum » ; « Il est interdit d’interdire le débat sur la Constitution » ; On ne change pas de constitution pour

 

La guerre des chiffres…

Le 27 septembre, l’opposition congolaise organise un méga meeting au Boulevard Alfred Raoul. La Police dénombre 3000 participants et l’opposition 30000. Les médias internationaux sont unanimes de dire avec objectivité que jamais un tel rassemble n’a eu lieu depuis une certaine époque révolue. Les 3000 ou 30000 participants ont effectué le déplacement du Boulevard Alfred Raoul avec la soif d’une alternance démocratique a animé cette foule. A la même date et comme par hasard, des méga concerts de fin des vacances étaient organisés avec de grands musiciens et orchestres venus de la RDC (République Démocratique du Congo) dans les différents lieux de la capitale Brazzaville. Le matin du 27, les désœuvrés, les déshérités étaient conviés dans les différents arrondissements  de Brazzaville pour un permis de conduire. Deux œuvres caritives de la Fondation Perspectives d’ Avenir du député et Denis Christel Sassou N’ Guesso.

Les jours suivants, le contentieux d’avec la RDC est levé, notamment dans son volet Passeport. Dorénavant, les citoyens du Congo-Brazzaville et Congo-Kinshasa peuvent circuler librement entre les deux capitales moyennant un laisser-passer en lieu et place du passeport institué a partir de l’opération Mbata Y’a Bakolo (opération de reconduite à la frontière des sujets de la RDC).

Le Parti Congolais du Travail, par la voix de son porte-parole prévoit commente sur le meeting prévu le mardi 6 octobre 2015. Puis repoussé au samedi 10 octobre 2015.

L’argent. On parle de 1milliard huit cent cinquante millions (185000000) sortis au Trésor public pour réussir à 100% le méga meeting. La Police, cette fois-ci, n’hésite pas d’avancer le nombre de participants estimés à 100000. Les médias étrangers parlent eux, d’une marée humaine. Au cours du meeting concurrentiel, Pierre Ngollo, le président du Pôle de Consensus de Sibiti, plébiscite la nouvelle Loi à 95% du « OUI ». A y voir de plus près, les résultats de la nouvelle constitution déjà sont connus. Le vote référendaire auquel la Majorité présidentielle, l’Opposition républicaine, les Associations appellent à voter OUI ne serait qu’une formalité. Pour revenir aux nombres, monsieur Pierre Ngollo s’appuie sur cette marée humaine. Avec la règle de trois nous disons : si avec 100000 participants, on est à 95% du «Oui » ; quel pourcentage pour 30000 participants au méga meeting ?

Vous conviendrez avec nous, que ce pourcentage de 95 relève de l’utopie. La réalité a été dite par Thierry Moungalla, ministre, invité Afrique de ChistopheBoisbouvier : « Alors 30 000 personnes sur 1,2 millions d’habitant que compte Brazzaville, ce n’est pas quand même pas un triomphe absolu ».

Réponse du berger à la bergère faite à monsieur Pierre Ngollo selon laquelle: 100 000 personnes sur 1, 2 million de Brazzavillois, ce n’est pas tout de même 95% du « OUI », de plébiscite.A moins d’un tripatouillage des résultats au vote du 25 octobre 2015.

Sassou N’Guesso : un pouvoir qui a raison

Vraisemblablement, le pouvoir de Sassou N’Guesso a toujours eu raison. Le 5février 1979, le coup d’Etat contre le 4ème président du Congo, Joachim YhombiOpango que Pierre Anga (assassiné) qualifiait de Coup d’Etat imposteur. a eu raison sur le président du Comité préparatoire du 3ème congrès du Parti Congolais du Travail. La propagande contre l’ancien président était sans répit : « Yhombi a tout volé ! » pouvait-on entendre. Le président Sassou N’Guesso se révèlera comme l’homme providentiel, porteur du bonheur : «…Qu’il faille, dans des pays aussi dépourvus comme le nôtre actuellement, vivre durement aujourd’hui pour vivre mieux demain », 1979. Du lancement du plan quinquennal au souffle du vent de la Perestroïka, l’homme providentiel, faiseur du bonheur congolais, a aligné des slogans jamais aboutis : « Autosuffisance alimentaire » ; « Santé pour tous d’ici à l’an 2000 ». Tout s’efface et s’excuse par une phrase : « Si des erreurs graves ont été commises, seule, la volonté de toujours faire le bien nous guidait ». De 1979 à 1990, rien ne pouvait empêcher le président d’asseoir une politique sociale digne de ce nom. A croire les réalisations époustouflantes laissées par ses prédécesseurs en 3 ans d’exercice pour Fulbert Youlou, premier président ; en 5 ans pour Alphonse Massamba-Débat ; en 9ans pour le président Marien Ngouabi et en 1an et quelques mois pour Joachim YhombiOpango. En 13ans de premier règne, les usines et autres infrastructures sont tombées en ruine, inaugurant de facto, un tissu socioéconomique exsangue. La conséquence c’est bien la Conférence nationale souveraine. Infiltrée et mal négociée, cette Conférence va tourner à la confrontation entre le pouvoir élu démocratiquement et l’opposition sous la houlette de monsieur Sassou N’Guesso.

A tort ou à raison, Pascal Lissouba déclare la guerre à monsieur Sassou N’Guesso, son prédécesseur. Au prétexte d’avoir été dérangé dans son sommeil, le 5 juin 1997, Sassou N’Guesso, tombeur de Lissouba, revient aux affaires, le 15  octobre 1997. En homme assagi, de la trompe de Nelson Mandela, Mathieu Kérékou, Jerry Rollings (liste non exhaustive), monsieur Sassou N’Guesso, se dit apte à faire triompher la démocratie qui souffrirait d’une entorse. Mais l’enterrement « no comment » de la Constitution du 15 mars 1992, véritable émanation du peuple souverain, passe inaperçue. En 1998, la population du Pool est blessée dans son amour propre, dans sa chair, dans son âme. Le pillage était devenu systématique. Une guerre fratricide est servie au peuple du Pool. Le bilan n’étant pas établi à l’exemple de la guerre de 1997 qui a fait 15000 morts, on n’a dénombré 353 disparus du Beach. A la faveur du manifeste du Haut-Commissariat pour les Réfugiés. Les autres morts tombés sous les balles et bombardements héliportés sont passés par perte et profit comme des marchandises.

Au terme de la Transition flexible, 5ans, une nouvelle Loi est votée le 20 janvier 2002. La fixation de la limite d’âge à 70ans ; le mandat présidentiel de 7ans, renouvelable une fois n’augure une perspective pour le patriarche Denis Sassou N’Guesso, qui a des raisons de se maintenir aux affaires et donc, pour achever son œuvre de la modernisation et de l’industrialisation du Congo. Il sied de souligner que la hausse du baril a connu son hausse vertigineuse à partir d’octobre 2004. Et le pouvoir de Brazzaville a institué des collectifs budgétaires, disparus dès la baisse du baril du pétrole. Sans résultat probant dans la vie sociale. Une nouvelle Constitution est ébauchée sous les auspices de l’opérateur économique El Hadj Djibril Bopaka. Cette constitution est réceptionnée par le président de l’Assemblée nationale. Tout va très vite ! Les astuces et jeu de mots concourent à : la tenue des consultations ; la  convocation du Dialogue national sans exclusif qui sera boycotté par l’opposition, dite radicale ; la mise en place d’une Commission chargée de rédiger la nouvelle Constitution enfin, la convocation du Référendum, le 25 octobre 2015. Le peuple dupe dégage sa berlue pour déceler les motivations réelles d’une nouvelle Loi. Formellement, les articles : « 243 : Les traités et accords internationaux, les lois, les ordonnances et les règlements actuellement en vigueur, lorsqu’ils ne sont pas contraires à la présente Loi, demeurent applicables tant qu’ils ne sont pas expressément modifiés ou abrogés »(une disposition presqu’inconciliable avec celle contenue dans l’article ; « 13 : Toute propagande ou toute incitation à la haine ethnique, à la violence ou à la guerre civile constitue un crime puni par la loi » ; le paradoxe que relèvent les articles « 10 : Sauf en cas de perte ou de déchéance de la nationalité, aucun citoyen ne peut être ni extradé, ni livré à une puissance ou organisation étrangère, pour quelque motif que ce soit » ; « 65 : Le Président de la République est élu pour un mandat de (5) ans renouvelable deux (2) fois » ; « 96 : Aucune poursuite pour des faits qualifiés de crime, délit ou pour manquement grave à ses devoirs à l’occasion de l’exercice de sa fonction ne peut exercer contre le Président de la République après la cessation de ses fonctions ».

Repetita bis ! A la lecture de la nouvelle Loi, il ressort clairement que certains articles : 33, 10, 65, 96 seraient taillés sur mesure.  Dans un avenir proche, la nouvelle Loi suscitera un débat constitutionnel de fond pourrait s’inviter entre Placide Moudoudou et les éminents juristes, constitutionnalistes qui mettent en avant le droit. Ce qui augure,  un cycle infini du tripatouillage de la Constitution à chaque fois qu’on parlera des élections et crimes au Congo-Brazzaville.

31ans de pouvoir qui toujours raison, l’on se pose la question si l’actuelle forfaiture donnera raison au pouvoir du président Sassou N’guesso ? Les dates du 20, 23 et 25 octobre 2015, déterminantes, déchoiraient ou renforceraient le pouvoir de la raison. Avec la bénédiction de l’article 96

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